Face à la dictature
Face à la dictature de la minceur la banquise est-elle entrain de se fissurer?
,Entre la préoccupation préventive et les
risques de la quête du poids idéal théorique, le
discours médical est sur le fil du rasoir”, explique
pour sa part Arnaud Basdevant, responsable du
service nutrition de l’Hôtel-Dieu à Paris,
spécialisé dans le traitement de l’obésité. “Ce discours alimente la pression
sociale autour de la minceur et s’en imprègne. D’où une projection
accusatrice vis-à-vis du gros. C’est le retour d’un discours hygiéniste et
moralisateur” qui n’est pas sans risques. C'est là ou le bas blesse
De plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer le ” terrorisme de la
minceur”. Certains magazines féminins eux-mêmes essaient de réagir. La
“une” de l’hebdomadaire Elle montrant les formes d’Emmanuelle Béart a
permis à la revue de réaliser l’une de ses meilleures ventes. Et le fait que
le colloque “Corps de femmes sous influence” ait été organisé est, pour
Annie Hubert, le signe que ” la banquise est en train de se fissurer” et que
les choses sont peut-être en train de changer. “
La ligne vue à travers le look des mannequins
En un peu plus de vingt ans, le “look” des mannequins qui font les “unes”
de L’Officiel, Marie Claire, Biba, 20 ans, Vital, Vogue et Elle a
singulièrement changé. Désormais, il faut être plus mince, voire
plus maigre, de plus en plus dénudée et habillée de façon
moulante . Il n’est que de feuilleter ces revues pour s’en convaincre.
C’est ce qu’a fait, entre 1980 et 2003, Annie Lacuisse-Chabot,
endocrinologue, diabétologue et nutritionniste à la faculté de médecine
Pitié-Salpêtrière (Paris). De son étude, il ressort que le modèle mince-
maigre-dénudé est passé de 5,6 % à 25 % dans Marie Claire, de 15
% à 87,2 % dans 20 ans et de 26,8 à 86 % dans Vital . Ce constat
s’accompagne d’un autre, souligne Annie Lacuisse-Chabot, relatif à
l’augmentation croissante des incitations à faire des régimes
dans nombre de magazines qui invitent ainsi les lectrices à suivre
les canons d’une mode dictée par eux-mêmes. “
Merci le monde et merci Christiane Galus, rédactrice de l’article, pour ce qui
est à ma connaissance une grande première dans la presse française, et qui
je l’espère va susciter des réflèxions et faire des émules côté médias.
Espérons que la question sera approfondie, que l’on passe de l’historique
d’un phénomène à celle d’un business.